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Dans les discours entourant les projets ERP, une promesse revient systématiquement : celle de l’alignement avec les “meilleures pratiques du marché”. Cette idée, séduisante sur le papier, véhicule l’espoir d’une transformation rapide, d’une simplification des processus, et d’une amélioration immédiate de l’efficacité opérationnelle.

Pourtant, dans la réalité des entreprises, cette promesse se heurte à une complexité bien plus grande. Mettre en place un ERP ne suffit pas à garantir l’adoption des meilleures pratiques. Et croire le contraire, c’est prendre le risque de déployer un outil puissant… sans changement significatif sur le terrain.

1. Un ERP ne suffit pas à transformer les pratiques

La plupart des ERP sont commercialisés avec des modules ou des processus dits “standard”, c’est-à-dire construits sur la base des processus les plus fréquents observés dans une multitude d’organisations. Mais ces standards ne constituent pas, en soi, des “bonnes pratiques”. Ils sont souvent génériques, conçus pour répondre à un large éventail de cas, et surtout pensés pour la flexibilité.

Autrement dit, un ERP propose une structure, mais n’impose rien. L’entreprise reste responsable de la manière dont elle modélise ses flux, configure ses règles de gestion, ou enchaîne ses étapes de validation. Les meilleures pratiques ne sont pas intégrées par défaut, elles doivent être choisies, adaptées, et surtout accompagnées.

2. Les meilleures pratiques ne sont pas universelles

Il est tentant de penser qu’il existerait une méthode unique, efficace et reconnue pour gérer les achats, les stocks ou les relances fournisseurs. Or, les “meilleures pratiques” sont rarement universelles. Un processus idéal pour une PME industrielle ne fonctionnera pas de la même manière dans un groupe multisite du secteur public.

Chaque organisation a ses spécificités : culture interne, environnement réglementaire, contraintes opérationnelles, niveau de maturité digitale. Une “bonne pratique” ne peut exister que si elle s’inscrit dans une réalité métier cohérente. L’ERP, en proposant des canevas standards, donne des pistes, mais ne tient compte ni de la stratégie, ni de l’histoire, ni des objectifs particuliers de chaque entreprise.

3. Les paramétrages standards ne suffisent pas

Dans certains projets, l’urgence ou la complexité technique conduit les équipes à “accepter les paramétrages par défaut”. Cela permet de gagner du temps à court terme… mais de reporter les vraies questions. Comment doit-on valider une demande d’achat ? Qui est responsable de la saisie des imputations analytiques ? Quelle fréquence pour la clôture projet ?

Un ERP bien configuré ne vaut que par la qualité des arbitrages qui ont été faits en amont. Ces arbitrages exigent un travail intermétiers, une clarification des rôles, une priorisation des cas d’usage. Sans cette phase de réflexion, l’ERP ne fait que reproduire les silos existants, voire les rigidifie.

4. Un outil conforme ne garantit pas un bon usage

L’un des grands paradoxes observés dans les projets ERP est qu’un système peut être “techniquement conforme” aux processus définis… tout en étant mal utilisé, contourné, ou ignoré par les utilisateurs finaux. C’est notamment le cas lorsque les règles sont trop complexes, mal comprises, ou ne correspondent pas à la réalité opérationnelle.

L’entreprise croit alors que tout est en ordre : les données sont là, les flux sont validés, les modules sont activés. Mais sur le terrain, les pratiques restent artisanales, déviées, ou gérées “en parallèle”. La meilleure pratique n’est donc pas seulement une question de configuration : elle suppose une adoption pleine, consciente et durable.

5. Sans adoption, pas de réelle amélioration

Au cœur de l’illusion réside un oubli fondamental : ce ne sont pas les outils qui appliquent les bonnes pratiques, mais les utilisateurs. Ce sont eux qui décident de saisir correctement les données, de respecter les workflows, ou de suivre les consignes. Et ce sont aussi eux qui, par habitude, pression ou manque de repères, prennent des raccourcis.

Même le meilleur ERP ne peut garantir l’alignement métier si les utilisateurs ne comprennent pas les enjeux, ne perçoivent pas la valeur ajoutée des changements, ou ne disposent pas d’un accompagnement suffisant. L’efficacité d’un ERP dépend moins de ses modules que de la capacité de l’organisation à faire évoluer ses pratiques humaines, culturelles et managériales.

Conclusion

Croire qu’un ERP permet à lui seul d’appliquer les meilleures pratiques du secteur est une idée trompeuse. Un ERP est un outil puissant, mais ce n’est pas lui qui transforme l’entreprise. Il ne contient pas automatiquement les bonnes méthodes : ce sont les équipes qui doivent les définir, les mettre en place, et surtout les utiliser.

Un projet ERP n’est pas juste un projet informatique. C’est un projet d’organisation, qui demande des décisions claires, des règles partagées et un vrai accompagnement des utilisateurs. C’est cette dimension humaine qui détermine si l’ERP apporte réellement de la valeur ou non.

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